Un petit poème inspiré d'un incident vécu

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Y.Courtieu

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Message par Y.Courtieu »
Les amanites phalloïdes

Montrer l’erreur, est-ce juger ? Lis donc la fable
Que je te livre : montrer l’erreur est coupable ?

« C’était un représentant de l’espèce humaine.
Il avait parcouru cette forêt lointaine.
Un ami avait souligné la qualité
Culinaire des champignons, la variété
Des espèces que l’on rencontrait dans ces bois.
Muni d’un grand panier, pour la première fois,
Il s’adonnait avec plaisir à la cueillette.
La fin du jour approchait. Il avait en tête
Ce repas de gourmet prévu pour le soir même.
Quel régal ! Voilà une activité que j’aime !
Les champignons ramassés avaient belle allure,
Possédaient des lamelles d’une blancheur pure,
Tendre, nuancée de pâles reflets citrins.
« Je reviendrai en chercher dès demain matin »
Il admirait tant le joli vert des chapeaux !
Ce sont de vraies émeraudes ! Qu’ils sont donc beaux,
Avec ce pied élégant, couvert d’arabesques
D’un grisé à peine marqué, évoquant presque
La peau d’une couleuvre dorée au soleil.
Et cette sorte de coquille, une merveille !
Les champignons semblaient en sortir, des poussins
Nouveau-nés brisant leur œuf, des petits lutins !
Satisfait, il prenait le chemin du retour,
Fatigué d’avoir marché tout le long du jour.
C’est alors qu’il aperçut l’autre promeneur,
Un confrère, qu’il aborda avec ardeur,
Curieux d’un panier qui semblait fort bien garni.
« Vous ramassez de beaux champignons, vous aussi ? »
L’individu s’arrêta. Jetant un coup d’œil
Sur une cueillette sale, pleine de feuilles,
Il vit des champignons d’aspect massif, moussus,
Trapus, d’un air peu ragoûtant bien que charnus.
« Voyez les miens ! Ils sont beaux, regardez moi ça !
Ils doivent être excellents, ceux-ci, n’est-ce pas ? »
L’homme, qui hantait les forêts depuis vingt ans
Examina mieux ce que lui admirait tant.
Il eut un bref soubresaut qui n’échappa point
À notre représentant, cependant fort loin
D’en soupçonner la raison. « Je peux les manger ? »
Demanda-t-il, pris d’un doute. « Vous suicider,
Plutôt : ce sont des amanites phalloïdes,
Voyez leur nette volve, de forme ovoïde ! »
Fut l’horrible réponse de ce connaisseur.
Le représentant de l’espèce humaine eut peur,
Mais de quoi ? « Ainsi, ils ne sont pas comestibles ? »
- « Non » - « Enfin, voyons, c’est tout à fait impossible ! »
- « Écoutez, cher monsieur, vous... » Il n’écoutait plus.
Il se sentait ridicule, l'hurluberlu !
« Monsieur, vous jugez ma cueillette ! » finit-il
Par proférer, usant d’un argument... subtil !
Rouge, il se mit à honnir l’homme devant lui..."

Mais oui, il en est souvent ainsi, aujourd’hui.
Les vérités ? Haïssables, disqualifiées,
Dépassées, il est inutile de s’y fier !
Ceux qui la disent sont des salauds : ils vous jugent !
D’ailleurs, la vérité pour eux ? Rien qu’un refuge ! »
Yves
UN CORPS FROID NE PEUT PAS CHAUFFER UN CORPS CHAUD
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